Par Lucile de Reilhan, chargée de communication aux Jeunes FGTB
La belle de mai – fabrique de révolution » te plonge, le temps d’un instant, dans le quotidien des cigarettières de la manufacture des tabacs de Marseille, située dans le quartier de la Belle de Mai. Les autrices dépeignent, avec un trait expressif, les conditions de travail difficiles – chaleur, proximité, cadence insoutenable, sexisme omniprésent -, le rapport conflictuel avec le patronat, mais également les amitiés naissantes et la complicité entre travailleuses, teintées de leurs parcours de vie – souvent marqués par l’immigration italienne.
Mais cette BD, c’est aussi et surtout un voyage au cœur d’une des premières grèves féminines en France, survenue en 1887. En racontant l’histoire de Sespo, Teresa et Rosa, trois ouvrières déterminées à lutter contre des conditions de travail inhumaines, ce récit met en lumière les premières formes d’organisation collective féminine et la solidarité ouvrière. Nous prenons ainsi part aux discussions et débats entre les ouvrières concernant les stratégies et l’organisation concrète de leur lutte, les revendications qu’elles portent, les bilans qu’elles dressent de leurs actions, etc. Ce récit contribue ainsi à redonner toute leur place aux luttes des femmes – ouvrières -, longtemps marginalisées, au sein de l’histoire plus large du mouvement ouvrier.
Cette BD ne se contente pas de raconter une histoire du passé : elle fait écho aux combats syndicaux contemporains, mettant en perspective la récurrence des injustices et la nécessité d’une organisation solidaire et combative. Car, plus que jamais aujourd’hui, nous comprenons que nos droits sociaux acquis, par le passé, arrachés par les grèves et les manifestations, ne le sont pas éternellement. Ensemble, nous devons rester vigilant·es, et surtout, ne jamais abandonner la lutte contre les injustices et l’utopie d’une société sans classe ? pour une société sans classes.