Propos recueillis par Raphaël D’Elia, chargé de communication
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Qu’est-ce que METAL ?
Le « Mouvement des étudiantes et des travailleuses des arts en lutte » est composé de travailleur∙ses de la culture, étudiant∙es et jeunes travailleur∙ses; le nom est au féminin mais regroupe des personnes de tous les genres. Le mouvement traite des questions de législation, de droit du travail au sens large pas que des artistes et de la rémunération dans le milieu culturel. Le mouvement existe depuis 3 ans et nous comptons une vingtaine de membres actif·ves.
On est tou∙tes précaires. On réfléchit à comment en sortir et à la place de la culture au sein de tous les secteurs. Le caractère discontinu du travail touche de plus en plus de personnes. L’emploi est ainsi davantage menacé avec comme conséquences tout ce qui en découle. Il est, par exemple, très dur d’avoir un chômage non-dégressif quand on sort d’une école d’art. On estime que ce sont des luttes à mener de manière transversale mais, on lutte au sein du notre pour améliorer nos conditions sous différentes formes que l’on soit étudiant·e ou travailleur·euse.
METAL a donc travaillé sur la réforme du statut d’artiste ou, à d’autres occasions, a organisé des performances artistiques ou des actions politiques. Comme aujourd’hui devant le Théâtre de Liège !
En effet, celui-ci faisait son « Gala des amis du Théâtre de Liège » : toutes les personnes qui contribuent financièrement au Théâtre. Pour 40€, on a accès à un streaming, donc à regarder de chez soi, il y a des lectures, des rencontres avec des artistes, des échanges entre les mécènes, etc. En bonus, avec ces 40€, on peut retirer une boîte apéro dans un magasin. Et bien qu’on soit des acteur∙trices, des travailleur·ses des arts, on ne se sent pas partie intégrante de l’événement. On a donc organisé une contre-soirée : « Le Gala des oublié∙es du Théâtre de Liège ». Ce théâtre est une grosse structure pour la ville, très subventionnée, nous aurions aimé que cette institution fasse plus pour le secteur culturel pendant cette crise. Or, son travail s’est axé notamment sur la numérisation du secteur culturel et pas vraiment sur la reprise des activités ou pour aider les acteur∙trices de la culture.
Pour nous, leur évènement « Place aux artistes » prévu pour celleux qui n’avaient pas pu travailler dernièrement, a été particulièrement décevant. Il s’agit d’un appel à projets (donc l’énergie mise à y répondre peut-être potentiellement vaine) qui débouche au final sur une journée rémunérée à hauteur de 250€ ! Un montant qui ne prend pas du tout en compte les répétitions faites en amont, le temps pris pour monter le dossier, etc. On considère donc qu’il y a un souci avec le Théâtre et la Ville de Liège, qui ne nous ont pas aidé·es et qui ne nous aideront pas. On n’est donc pas tous uni·es, pas tous ami∙es dans le monde de la culture et c’est pour le montrer qu’on est là aussi.
Le but était également que les mécènes et travailleur∙ses, qui sont les deux bouts du monde de la création, se rencontrent. La richesse du Théâtre de Liège ne vient pas des donateur·trices mais de celleux qui y travaillent, et ce souvent dans des conditions précaires.
Quel est votre rapport à Still standing For Culture et quel est votre rapport aux institutions culturelles ?
Still Standing for Culture s’est mis en place à l’initiative d’individus afin de faire entendre les acteur∙trices culturels qui sont parmi les méprisé∙es, jamais nommé∙es dans les CODECO, etc. Il y avait donc cette volonté de faire masse et METAL a mis de l’énergie là-dedans. Des formes d’actions multiples nous semblent nécessaires pour arriver à faire avancer les revendications et « Still Standing » a permis d’organiser des évènements de masse, d’avoir une présence médiatique, de moins subir la répression policière, etc. Cependant, METAL met toujours un point d’honneur à rappeler qu’on n’est pas tous égaux, qu’il y a des disparités parce que malheureusement il faut rappeler que la culture est un marché ! D’où par exemple, la reprise de l’appellation « Still Not Standing For Hypocritico-Bourgeois Culture ».
Pour l’occupation de La Monnaie, pour citer un événement en particulier, la direction cherche clairement à fragmenter le secteur culturel. Ces gros acteurs de la culture considèrent que le fait de porter la voix des jeunes précaires déforcerait le secteur dans ses négociations avec le Gouvernement. Là-dessus, La Monnaie ne joue donc pas son rôle de contre-pouvoir parce que sa direction n’écoute pas les artistes qui se produisent dans leurs murs.
Les institutions très subsidiées ont une pression pour ne pas déplaire aux politiques qui les financent. On nous a mis sous un gros chapeau « culture », mais en fait à l’intérieur du secteur il y a de la lutte des classes ; les institutions culturelles sont des structures patronales. On doit donc entrer dans un rapport de force efficace pour faire avancer nos revendications.