Par des membres de l’Union syndicale étudiante
Pour nous, étudiant·es, les injustices et les barrières sociales sont une réalité : coût des études en hausse, taux d’échec d’au moins 50 % en première année, explosion du prix des logements, exploitation lors des stages, recours de plus en plus fréquent aux jobs précaires pour financer ses études (1/3 des étudiant·es)… Les crises successives de ces dernières années (Covid, logement, énergie,…) ne font qu’accentuer la précarité.
Lutter avec nous, c’est :
- Participer à défendre les droits des étudiant·es et un enseignement qui permette l’accès et la réussite pour toustes. C’est donc lutter contre la précarité, la sélection sociale et la logique marchande dans l’enseignement. On défend un revenu socialisé pour toustes les étudiant·es (un salaire étudiant) ; des savoirs et des pédagogies construits démocratiquement par toustes ; un enseignement public, gratuit, de qualité, critique, indépendant et adapté à chacune des personnes qui en bénéficient. Pour cela nous faisons de l’entraide sociale car il est important de défendre nos droits au jour le jour. Nous entraider permet de créer de la solidarité et de briser l’isolement individuel, ainsi que de faire émerger de nouvelles revendications partant des réalités des étudiant·es.
- S’engager dans un syndicat combatif et indépendant. Pour nous, les améliorations de nos conditions de vies, de travail et d’études sont le fruit de notre action collective et de notre rapport de force face aux directions des établissements et aux gouvernements. Nous favorisons l’organisation de rassemblements, d’occupations et d’autres actes de grèves étudiantes.
- Être dans un syndicat où chacun·e a la liberté d’exprimer son opinion et de décider des orientations de l’organisation. Nous nous efforçons de prôner la démocratie la plus directe possible dans toutes les luttes, en organisant des assemblées étudiantes, souveraines dans leurs actions et leurs revendications, pour refléter au mieux les demandes réelles des étudiant·es.
- Ne pas rester seulement entre étudiant·e s mais être solidaires des autres franges de la population. En effet, l’alliance des travailleur·euses et des étudiant·es a déjà démontré toute sa pertinence et sa force. Aujourd’hui, face à tant d’attaques d’austérité, elle est indispensable ! Pour mieux lutter aux côtés des travailleur·euses avec ou sans emplois, avec ou sans papiers, elle se veut partie intégrante de l’organisation des travailleur·euses. C’est pourquoi nous sommes membres des Jeunes FGTB.
En plus de défendre nos droits et de nous battre pour en gagner de nouveaux, nous luttons pour une société égalitaire, sans exploitation ni domination. Nous combattons donc le racisme, le sexisme, la LGBTQIphobie et d’autres formes de discriminations qui nous divisent et diminuent notre force de résistance. Notre lutte contre le système qui les alimente, le capitalisme, nous la menons aussi au niveau international en renforçant nos liens avec d’autres organisations étudiantes de lutte pour fortifier la solidarité internationale.
Et cette année ?
Nous mènerons plusieurs campagnes. Déjà, dans la continuité des années précédentes, nous continuerons de nous battre pour obtenir une rémunération des stagiaires. Ensuite, nous continuerons de lutter contre la réforme du décret paysage qui rentre en application dès la rentrée académique 2022.
Une rémunération des stages, pour quoi faire ?
Les stages étudiants se trouvent dans la plupart des cursus de l’Enseignement supérieur et demandent un investissement considérable de la part des étudiant·es. Ces stages ne sont pas rémunérés et constituent une forme de travail gratuit, alors même que les étudiant·es font face à des conditions de vie de plus en plus précaires. Nous avons déjà lancé plusieurs campagnes autour du travail gratuit, et notamment de la rémunération des stagiaires. Nous avons par exemple rencontré à plusieurs reprises les camarades des CUTE (Comité Unitaire pour le Travail Étudiant), qui ont lutté au Québec pendant 3 ans afin de faire reconnaître les stages comme un travail. Nous avons également récolté des données concernant les stagiaires, qui ont permis de mettre en évidence des points essentiels :
– la période de stage ne permet plus aux étudiant·es d’avoir un job, par manque de temps, ce qui plonge davantage les étudiant·es dans la précarité
– les dépenses liées au stage peuvent être conséquentes, que ce soit pour les déplacements ou le matériel de travail.
Les stages dans les études supérieures touchent surtout les filières dévalorisées et majoritairement féminines. Ce sont les secteurs sociaux (assistantes sociales, infirmières, psychologues, éducation, …) qui demandent le plus grand nombre d’heures de stage. Cela a pour conséquence directe une main d’œuvre gratuite essentiellement féminine. Demander une rémunération des stages est donc également une manière d’éclairer le travail gratuit effectué par les femmes au quotidien.
Recourir à de telles formes de travail est une façon de compenser le sous-investissement dans les services publics (par exemple dans les hôpitaux ou même les ASBL). En outre, cela entraîne également un nivellement par le bas des conditions salariales en habituant les gens à travailler gratuitement et en mettant les étudiant·es en concurrence face aux travailleur·euses rémunéré·es. En effet, 90% des stagiaires interrogé·es indiquent effectuer des tâches semblables à celles des employé·es rémunéré·es. Ainsi, contrairement à certains arguments avancés contre une rémunération des stages, les stagiaires créent de la valeur pour les employeur·euses au même titre que les travailleur·euses “régulier·ères”.
“Le travail que j’effectue au sein de l’association dans laquelle je suis stagiaire est utile. J’effectue du travail qu’on ne voit pas toujours, comme du tri, de la communication, etc … mais j’aide également mes collègues, et je prends énormément d’initiatives ! Je fais le même travail que mes collègues, très souvent. Je travaille près de 35h/semaine, je n’ai donc pas le temps de faire un job étudiant, et je n’ai aucun revenu. En plus de cela, comme mon stage est dans une autre ville, je paie pour travailler. Avec le prix de l’essence qui a augmenté, ça devient vraiment difficile pour moi. Je trouve qu’il serait naturel qu’on soit rémunéré pour cela. ” Anna, stagiaire en MA1 de psychologie
Et la Belgique dans tout ça ?
Le conseil de l’Europe a d’ailleurs jugé que le fait d’offrir des stages non-rémunérés est une violation de la charte sociale européenne en son article 4§1 relatif au droit à une rémunération équitable. Le Comité européen des droits sociaux a déterminé que des lacunes dans la législation belge permettent aux jeunes d’être exploité·es comme main-d’œuvre gratuite par le biais de stages non rémunérés. Certes, la plainte déposée par ce comité ne vise que les stages hors cursus scolaire, mais le constat reste le même.
Nous revendiquons donc une rémunération de toustes les stagiaires. Nous revendiquons également la garantie d’un lieu de stage par l’établissement afin que toustes les étudiant·es puissent effectuer un stage car celui-ci est une étape souvent obligatoire et fréquemment difficile à trouver. Nous demandons également la prise en charge par l’environnement professionnel des frais spécifiques au stage (transport, nourriture, etc).
Réforme du décret Paysage
Promulguée par la ministre de l’Enseignement supérieur Valérie Glatigny, la réforme de la loi définissant l’organisation académique des études entend lutter contre certains effets pervers du décret Paysage, à savoir la baisse du taux de réussite des étudiant·es, des casse-têtes administratifs pour les secrétariats devant organiser les programmes de cours et des critères de finançabilité très peu compréhensibles. Or, si nous partageons certains de ces constats, les solutions apportées ne vont faire qu’aggraver les problèmes : avec des critères de finançabilité et de réussite désormais plus difficiles à atteindre, cette réforme va en réalité accentuer la sélection sociale dans un système d’enseignement déjà élitiste.
La réussite à l’Université et en haute-école étant en corrélation avec les ressources financières des étudiant·es ; palier à la précarité étudiante devrait être la priorité afin d’augmenter le taux de réussite des étudiant·es. La réforme avancée par Glatigny ne prévoit pourtant rien de concret pour diminuer cette précarité. De plus, les nouveaux critères de finançabilité engendrent déjà des problèmes administratifs pour les étudiant·es, comme nous le constatons à travers notre travail d’entraide sociale.
Un salaire étudiant ?!
Logement, nourriture, transport, santé, loisirs et matériel d’étude sont autant de besoins pour les étudiant·es auxquels il faut garantir une réponse. Une rémunération des stages et la garantie d’une réussite pour toutes et tous est un premier pas, mais ça ne suffira pas. C’est pourquoi nous défendons, entre autres et de façon générale, la mise en place d’un salaire étudiant. En effet, nous considérons que les étudiant·es sont des travailleur·euses : nous produisons du savoir à travers nos stages, nos travaux et nos mémoires (que les profs réutilisent souvent). Ce salaire étudiant doit s’accompagner d’autres mesures afin de réellement lutter pour un enseignement supérieur public, gratuit, critique et démocratique : un refinancement structurel de l’Enseignement supérieur (basé sur le nombre d’étudiant-e-s), un minerval et des supports de cours gratuits, ainsi qu’un renforcement des services publics.
Donc syndique-toi, et n’hésite pas à venir nous rencontrer lors de nos évènements !
Pour retrouver nos revendications, et nos articles, rendez-vous sur notre page http://use.be.
On t’informe qu’une section est en train de se créer sur le campus de Louvain-la-Neuve, donc contacte-nous si tu es étudiant·e et que tu veux la rejoindre !
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