L’automne sera explosif dans la Chimie

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Par Julien Scharpé, chargé de communication aux Jeunes FGTB

Il faudra s’attendre à un automne explosif dans le secteur de la Chimie. En plus du plan d’actions interprofessionnelles prévu, la FGTB Chimie organisera en front commun d’autres mobilisations dans le secteur. Les syndicats préparent plusieurs actions dans les entreprises, ainsi que deux concentrations nationales le 14 et le 21 novembre.

  • 14 novembre aux portes des entreprises Pfizer et Novartis à Puurs.
  • 21 novembre aux portes de TotalEnergies à Feluy.

Si le banc patronal ne revient pas à la raison, une grève sectorielle pourrait être organisée le 5 décembre.

Les raisons de la colère

Alors que le secteur se porte particulièrement bien, les négociations pour une nouvelle convention collective sectorielle sont dans l’impasse : les représentants patronaux rejettent en bloc les revendications des travailleur·euses et narrent un récit misérabiliste à propos du paysage économique. Bien que Yves Verschueren, l’administrateur délégué d’essenscia affirme que les entreprises doivent aujourd’hui se battre pour leur survie, le retour sur investissement des actionnaires se porte miraculeusement bien.

Si on s’intéresse à une entreprise cotée en bourse comme l’est Solvay, on remarque que 59% de ses bénéfices ont été redistribués aux actionnaires. Ce n’est d’ailleurs pas une exception du secteur puisque 2024 a été une année record en la matière : les dividendes versés par les entreprises du secteur ont bondi de 63% entre 2023 et 2024.

Mais les représentants du banc patronal affirment que l’énergie et de la main-d’œuvre, la pression réglementaire complexe et coûteuse, la baisse de la demande, l’incertitude croissante liée aux conflits commerciaux, aux droits d’importation et la concurrence déloyale en provenance d’autres régions du monde sont des raisons qui devraient pousser les syndicats à se montrer raisonnables en renonçant à la plupart de leurs revendications. C’est pourtant le coût du capital qui handicape le secteur : les dividendes versés aux actionnaires ont dépassé les bénéfices générés par les entreprises. En d’autres termes, les entreprises ont dû puiser dans leurs réserves pour rémunérer le capital plutôt que les réinvestir intelligemment.

Mais ce n’est pas tout. Les patrons de la chimie ont très bien compris l’appel du pied du gouvernement ARIZONA et lui emboîtent le pas sans réserve. Au cours des négociations, leurs représentants ont bloqué des revendications qui se font attendre depuis longtemps par les travailleur·euses :

  • Les augmentations des salaires sont au point mort ;
  • Le banc patronal souhaite un allongement des carrières en fermant les yeux sur les métiers lourds et la pénibilité ;
  • Toutes les revendications liées à la lutte contre la précarisation des conditions de travail ont été rejetées 

En quittant la table de négociations, les syndicats dénoncent l’intention des employeurs d’ouvrir largement leurs portes aux intérimaires et aux flexijobs. Une proposition rejetée en bloc par la FGTB Chimie qui estime que le travail mérite sa part, justement parce qu’il est le réel moteur du secteur : 

« Chaque jour, ce sont les travailleurs et les travailleuses du secteur qui produisent et qui innovent. Ce sont elleux qui portent à bout de bras chacune des activités des entreprises de la chimie. Il est inacceptable qu’iels n’aient pas leur juste part pour protéger le montant des dividendes des actionnaires » Andrea Della Vecchia, secrétaire fédéral de la Centrale générale.

Les travailleur·euses méritent leur part

Lorsqu’on se penche sur les données économiques et sociales du secteur de la chimie, on s’aperçoit assez vite que les marges pour négocier de meilleures conditions de travail existent. D’autant plus que les travailleur·euses du secteur apportent énormément de valeur ajoutée : la différence entre la productivité et le salaire se situe en moyenne à 109 € par heure. Par ailleurs, la part des salaires dans le chiffre d’affaires atteint seulement 8,4% et la part des salaires dans les coûts de production atteint difficilement 7,9%.

La question du coût du travail est pour ainsi dire presque inexistante pour le secteur de la chimie en Belgique. Alors que les travailleur·euses remplissent des missions cruciales dans les entreprises, en apportant leurs savoirs et savoir-faire, ils payent aujourd’hui le prix du manque d’ambition de la transition climatique et énergétique des responsables politiques et économiques. Plutôt qu’investir suffisamment tôt dans le renouvellement des infrastructures, les différents gouvernements ont successivement encouragé à maintenir la pression sur les salaires et prolonger les carrières. Ce sont pourtant les travailleur·euses qui innovent et créent de la valeur dans les entreprises quand le Capital n’en fait que récolter les fruits.

Les syndicats appellent le banc patronal à la raison et à accepter leurs revendications qui se veulent pondérées et désirables pour l’ensemble des travailleur·euses du secteur.


Une augmentation des salaires bruts pour tous

Des mesures de fin de carrière dès 55 ans

Un départ anticipé pour les métiers lourds : travail en équipe et de nuit

Des emplois avec du contenu, de la sécurité et un avenir

Des solutions concrètes pour la santé et pour le bien‑être 

Un accord valable pour toustes les travailleur·euses ; y compris pour les cadres

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