Par Juliette Léonard, militante aux Jeunes FGTB
Il n’est plus un jour qui passe sans que se fasse entendre une proposition toujours plus antisociale d’un des membres de l’Arizona ou une déclaration antidémocratique de l’une ou l’autre personne d’un des partis le composant. Le virage très à droite qu’est en train de prendre la Belgique est d’autant plus inquiétant dans un contexte international où les partis conservateurs et d’extrême droite sont de plus en plus influents. Heureusement, face à cette situation, la réaction ne s’est pas fait attendre et des mobilisations massives sont en cours : syndicats, associations et travailleuses/eurs de différents secteurs s’organisent. Des personnes qui n’avaient jamais mis un pied en manifestation se trouvent désormais dans la rue pour s’opposer à ce rouleau compresseur qui s’en prend frontalement à la classe travailleuse. Dans cette masse d’informations et d’agitation, il peut être difficile de s’y retrouver et certains impacts de l’Arizona sont moins mis en avant comme les politiques concernant les migrant-es, les femmes ou encore l’environnement.
Pourtant, les femmes vont être particulièrement frappées par les mesures de l’Arizona. Comme toujours, les politiques d’austérité les touchent spécifiquement en raison de leur assignation à certains secteurs de l’emploi moins valorisés et de leur plus grande représentation dans les temps partiels. Les femmes sont déjà parmi les plus précaires et les différentes propositions de l’Arizona vont empirer cette situation. Leurs pensions vont être drastiquement réduites, notamment en raison de la non assimilation de certaines périodes liées à la maternité. Les offres d’emploi dans les secteurs publics, du soin et du social vont diminuer et les conditions de travail vont s’y empirer. Les mamans solos, les chômeuses et les malades longue durée sont dans le collimateur et la flexibilisation de nos emplois représente une catastrophe pour les mères. En effet, majoritairement à charge des enfants et faisant déjà face à des doubles journées de travail, c’est elles qui trinquent dès qu’on ajoute de l’instabilité à des horaires déjà complexes. A ça s’ajoutent les attaques envers les services publics, notamment ceux liés à l’enfance, l’éducation et au soin, qui allègent pourtant les femmes d’un travail qu’elles prendraient sinon à charge. Les femmes risquent ainsi de s’appauvrir, de voir leurs horaires et conciliation vie privée/vie professionnelle se complexifier et travailler d’autant plus.
A ces constat s’ajoute celui du non intérêt des différents gouvernements pour les questions féministes : avec le définancement d’UNIA et la suppression du secrétariat à l’égalité des chances, le message est clair. L’ensemble du secteur associatif (féministe, mais pas que) se trouve plongé dans une instabilité en ce qui concerne ses subsides et le bon fonctionnement de ses activités. Or ce secteur est primordial dans la lutte pour l’égalité hommes/femmes et dans celle contre les violences. En s’en prenant à ce secteur, le gouvernement s’en prend à ce qui représente parfois les derniers lieux de solidarité (hors cadre communautaire) auxquels ont accès des femmes en situation vulnérable ou de violences. Les femmes migrantes, notamment sans-papier, vont principalement être touchées par ces politiques qui, en plus de retreindre l’accès au territoire belge, vont fragiliser les rares aides auxquelles elles ont accès. Dans ce contexte, il est aussi évident que toute lutte conséquente pour les droits de la communauté LGBTI+ ne sera pas la priorité. Le gouvernement laisse également tomber toute possibilité de prévention contre les violences faites aux femmes, aux enfants et aux personnes LGBTI+ et annonce un futur sombre.
Toutes ces politiques qui fragilisent la position des femmes, dans une société déjà inégalitaire, présentent le risque d’augmenter les violences à l’encontre de celles-ci. En effet, si les violences faites aux femmes ont lieu au sein de tous les milieux, s’extraire de celles-ci se complexifie lorsque nous manquons de ressources. La sécurité sociale et les services publics permettent une solidarité et une garantie de revenu qui ne dépendent pas du couple ou de la famille et sont essentiels. De même, fragiliser, flexibiliser, insécuriser le marché du travail place dans une plus grande vulnérabilité face au harcèlement et aux violences au travail.
Il nous semble important de comprendre que ces politiques ne sont pas des oublis ou des erreurs mais correspondent aux visions idéologiques qu’entretiennent les différents courants de droite envers les femmes. Entre les tendances libérales qui peinent à penser les femmes comme un groupe social faisant face à des barrières structurelles et les tendances conservatrices qui nous rêvent comme de bonnes épouses et mères, ces attaques envers les femmes sont parfaitement cohérentes. N’oublions par ailleurs jamais que les politiques de droite ont comme principal but la défense du capitalisme. Même lorsqu’elles se donnent l’apparence d’être LGBTI+ friendly ou féministes, il n’est jamais de politiques conséquentes qui remettraient en cause les inégalités qui puissent émerger.
Les différentes politiques de l’Arizona vont créer de l’insécurité sociale, un sentiment de compétition pour des ressources limitées, sous fond de discours de plus en plus raciste et conservateur, ce qui crée un terreau fertile à la montée des idées d’extrême droite. Si l’Arizona n’est pas d’extrême droite, nous pouvons néanmoins affirmer que ses politiques nuisent à l’autonomie des femmes et favorisent les schémas familiaux conservateurs.
Dès lors, face à ce gouvernement antisocial, raciste et antiféministe, ne tombons pas dans la résignation, organisons-nous pour intensifier le mouvement social, allons là où nos messages et pratiques ne sont que peu entendus et accompagnons toutes les personnes qui sentiront un début de sentiment d’injustice et démontrons que la seule alternative souhaitable c’est un projet de société socialiste.