Par le secrétariat des Jeunes FGTB
Le 16 janvier dernier, Le Soir titrait « Marghem éreinte les socialistes, qui menacent de rompre avec le MR. »[1] En cette période pré-électorale, le/la lecteur·rice lambda pouvait simplement supposer une habituelle passe d’armes entre deux visions différentes de mener une politique … c’est somme toute commun à l’approche des élections. A la lecture des propos de la députée MR et tête de liste MR en Wallonie Picarde, nous sommes dans les faits très loin du compte.
En effet, Marie-Christine Marghem nous a donné ce 16 janvier 2024 un magnifique exemple de rhétorique complotiste directement héritée d’une époque que l’on voudrait révolue aujourd’hui. En évoquant dans son tweet « les tentacules rouges de la pieuvre du laxisme et de la rage taxatoire pour entretenir l’assistanat et fabriquer des pauvres », la tête de liste régionale renvoie directement aux images de propagande les plus nauséabondes qui circulaient en France et en Europe dans l’entre-deux-guerres en dénonçant la « pieuvre bolchévique ». Madame Marghem poursuit sa diatribe en dénonçant une volonté délibérée de la gauche à maintenir la population assistée et pauvre… en s’investissant ensuite d’une mission quasiment sacrée qui consiste à « protéger ses concitoyens contre le mensonge, et libérer la terre qui les a vus naître et sur laquelle ils ont de plus en plus de mal à survivre, de cette maladie de la décadence d’une idéologie. »
Rien que ça ! Le ton est donné : le droit à la terre n’est plus respecté, la gauche est une « maladie » propageant la « décadence » contre l’ordre établi : il faut libérer les concitoyen·nes. Il ne manque plus qu’un cri de guerre fédérateur… oserait-elle le « Jeanne ! Au secours ! » cher à Jean-Marie Le Pen en 2016 ? Objectivement, ce ne serait guère surprenant.
Le Soir est bien clément avec madame Marghem, et par extension avec le MR dans son ensemble, en ne titrant cet événement que comme une simple information parmi tant d’autres alors qu’elle est dans les faits l’aboutissement d’une longue procédure de radicalisation interne du parti. Elle avait commencé avec l’acceptation de gouverner avec la NVA ; elle s’est poursuivie et renforcée avec la présidence de Georges-Louis Bouchez.
Depuis l’arrivée du Montois à la tête du MR, l’extrême droitisation du parti libéral n’a fait que s’affirmer : admiration béate de Francken par GLB, stigmatisation des opposant·es politiques, des travailleur·euses sans emploi et des migrant·es, études douteuses éditées par le Centre Jean Gol, acceptation de débattre avec le Belang, arrivée en tête de liste de sympathisants avérés de l’extrême-droite française, propagande pré-électorale agressive et portée sur une stigmatisation de la gauche, … Le MR coche de plus en plus de cases douteuses, s’alignant sur ce que pas mal de partis de droite classiques font en Europe : se radicaliser en espérant récupérer les votes de plus en plus marqués à l’extrême-droite. L’Histoire démontre malheureusement que cette stratégie ne fait que renforcer cette dernière, les votes allant majoritairement vers l’original plutôt que la copie.
Peu à peu, l’extrême droite se normalise, la trumpisation de la communication politique se fait galopante. Les Jeunes FGTB ne peuvent rester silencieux devant ces dérives, d’autant qu’aucun sursaut au sein du MR ne vient contrecarrer la tendance.
[1] https://www.lesoir.be/561850/article/2024-01-16/marghem-ereinte-les-socialistes-qui-menacent-de-rompre-avec-le-mr